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Reportage : stage carnet de voyage en Ouzbékistan du 13 au 24/9/2018

 
De retour du stage en Ouzbékistan, après mon incursion en pays Kirghize, me voila prête à dérouler le fil des journées passées ensemble pendant ces 10 jours avec 9 participantes et Léon.

Départ le 13/09 depuis Saint Ex pour la moitié et de Roissy CDG pour les 5 autres.
La vol sur Aeroflot avec escale à Moscou s'est bien passé. L'aéroport de Moscou a cédé largement à  l'esprit mercantile à outrance et ne permet pas de disposer de suffisamment de sièges dans les salles d'attente près des portes d'embarquement. Nous nous posons sur les marches d'escaliers pour nos 3 heures d'attente. Le groupe venant de Roissy nous rejoint une heure environ avant le décollage pour Tachkent. Voila, c'est parti.

Vendredi 14/09/2018. Arrivée à 2h 45 à Tachkent, les formalités douanières se sont allégées depuis
l'année dernière et nous récupérons rapidement toutes nos valises. Plus besoin de remplir le formulaire indiquant l'argent qu'on emmène sur place. Iroda  nous guette dehors et nous tombons dans les bras l'une de l'autre. Que c'est bon de la retrouver ici,  promesse d'un voyage exceptionnel comuniqué avec enthousiasme. Je ne veux pas d'autre guide qu'Iroda, c'est notre "petite perle Ouzbeke".
Nous finissons notre nuit à l'hôtel Rakat Plaza. Mon matelas est dur comme du béton, impossible de dormir. Pfffff!

A 11 H, rendez-vous pour le premier atelier "Lettrage". Dans le carnet, on écrira sur une double page le nom de chaque ville visitée avec un graphisme esthétique en français et en écriture cyrillique, sur un fond coloré qui raconte le lieu. Puis on mentionnera pour chaque jour et chaque ville" JOUR 1, Jour 2..."  grâce à un dessin significatif glané de la journée. Voila c'est parti avec Tachkent où nous ne passons qu'une journée.
Je distribue le carnet accordéon sur lequel chacune et chacun devra faire en priorité un motif de Suzani accompagné d'un dessin  à son goût. C'est Nicole qui commence. On est 10 et il y a 10 jours de stage, alors, chacun prend en charge sa page au jour le jour. Au final, ce carnet sera imprimé sur internet et envoyé à chacun en souvenir.
Nous partons ensuite pour le restaurant TANHO, premier repas Ouzbek dans un décor typique, crudités et salades, soupe Chorba, brochettes accompagnées de légumes et dessert! Tenez-vous bien, le menu sera toujours aussi copieux! Ici, pas de bières, c'est rare.


Direction le quartier ancien Place Khast Imam, la mosquée Azrati Imam et la Madrasa (école Coranique) en face. Devant ce magnifique ensemble, le choix est large, soit détail dans les vignettes, avec skyline des édifices, soit aquarelle aboutie d'une partie, tout en gardant une place pour l'écrit, premières impressions, sensations sans oublier le nom du lieu.
On découvre les boutiques de souvenirs ou ateliers d'artisans, dans les entrées des Madrasa, étrange coutume qui m'avait choquée lors de mon premier voyage.
  
Je passe régulièrement près de chacun pour conseiller, aider, proposer...  Public très attentif et au terme d'une heure 1/2, Iroda nous propose la visite guidée et l'origine de ces lieux. Le plus vieux coran du monde méritait bien notre passage.
Bazar de Chorsu sous les dômes et autour

16 h Nous partons  pour le Bazar de Chorsu!  Proposition :  morceaux de kraft collés de ci-de là, taches de couleurs, un fond sympa qui recueillera les dessins des fruits, légumes secs ou frais, vendeuses, ambiance, noms en cyrillique. C'est la pleine saison des grenades, pommes et poires. On fait attraction dans ce marché et nombreux sont les curieux qui penchent la tête pour voir les dessins. Quelle ambiance.


Au retour à l'hôtel et après le repas, nous regardons les carnets du jour! 3 double pages en une demi-journée! C'est prometteur!
 

 

Samedi 15/09/2018 - KHIVA Jour 1 : Lever très matinal à 4h 30 pour rejoindre l'aéroport, notre avion pour Ourgench décolle à 7h. Brigitte et Danièle nous rejoindront plus tard car notre vol était complet.
Arrivée à Ourgench à 8 h 20, le bus nous attend pour nous conduire à Khiva (environ 35 Km). Nous sommes logées dans la Madrasa Amin Khan reconvertie en Hôtel (Orient Star Khiva) juste à côté de Tchor Minor. Nos chambres, à l'origine des cellules, sont minuscules mais charmantes. C'était la plus grande madrassa de la ville,  construite en 1851, qui accueillait alors 250 étudiants résidant sur place.
Nous prenons le petit déjeuner et partons dessiner. A Khiva, il y a actuellement un grand festival de musiques et danses traditionnelles et la ville est en effervescence. Partout des scènes et des groupes folkloriques habillés de Tchapan et bonnets à longs poils! Le soir, musique à volonté!



Notre hôtel dans la Madrassa avec une scène pour les répétitions
 
Old Khiva est une ville-Musée qu'on  visite à pied et comporte un nombre imposant de superbes édifices qui marquèrent la région et le pays entier.
10 h : Nous sortons de la ville intra muros pour dessiner les tours crénelées qui l'encerclent.
Travail au feutre fin après avoir jeté un jus coloré ocré rappelant la teinte sable. Certaines essaient les encres; un peu sombre et dur à éclaircir à posteriori. Ce dessin est placé sur la page de droite de la double page KHIVA écrite en calligraphie soignée, on fera passer la couleur sous les lettres pour intégrer l'ensemble.

11h 30, Iroda nous fait visiter une partie de la ville et après le repas, part chercher les 2 dernières voyageuses arrivées à Ourgench.

J'apprends une nouvelle petite anecdote sur Kalta Minor : Un jour, Amin Khan qui avait commandé la construction de cette tour, se penche pendant les travaux et aperçoit les femmes de son Harem, sous des voiles légers et transparents. Satisfait, il décide qu'il est à bonne hauteur et demande l'arrêt des travaux. Pas besoin de lunettes, c'était parfait pour sa Majesté.



Itcham Khala
La magnifique Mosquée Djouma (du vendredi) et ses nombreux piliers sculptés seront notre sujet en attendant les autres. Détail très travaillé des motifs d'une colonne sculptée  au feutre,  (1/2 heure). Léon  décide d'une empreinte au crayon bleu.
Iroda nous informe qu'elle part manger avec les 2 voyageuses tout juste arrivées à Khiva et nous dessinons alors près du Harem au quartier Itcham Khala, la perspective de la rue et des minarets qui la bordent. Peu de couleurs mais ombres et lumières en priorité.
Puis Iroda (le groupe enfin au complet) nous fait visiter le harem et tout le quartier alentour.

 Essai de petits calots.... les boutiques de souvenirs proposent un bel artisanat.

Nous flânons dans les ruelles animées quand soudain,  mon regard est attiré par un vieil Aksakal, très serein, barbe blanche, vêtement indigo, assis sur les marches de la Mosquée Djouma. Je pense immédiatement Portrait et demande à Iroda si elle peut se faire notre parte parole. Il accepte, un peu ébahi. Nous sortons toutes notre matériel, siège, peinture et devant une foule curieuse qui s'étoffe de minute en minute, nous dessinons. Grace à Iroda, Léon demande son âge à Ataboy-Ata,  et dit "on est des classes, la même année!" La traduction prononcée, nos 2 compères se congratulent avec force sourires et poignées de mains. Les photos fusent, quel moment incroyable. Les dessins étaient superbes et je me suis personnellement régalée. Petite cerise sur le gâteau  : Ataboy-Ata a travaillé toute sa vie dans cette mosquée à la réfection des piliers de bois, c'était son métier et il reste très attaché aux lieux.



 

On termine la  journée  par la visite de tous les carnets en détail au cours du repas. Première nuit dans une cellule monacale.

Dimanche 16/09/18 - KHIVA Jour 2.  9h  Atelier Portrait. Dessiner sur un calque de la main gauche, à partir d'une photo d'un ou une Ouzbèke, que je distribue. Puis dessin libre de la main droite pour se faire plaisir. En fait, tout le monde fait un superbe travail, ça libère le geste, la main gauche. D'abord perplexes, tout le monde adhère complètement  et s'amuse bien au final.

10h 30 Visite du Mausolée Pahklavan Mahmoud, beaucoup de monde vient en pèlerinage ici. Nous dessinons ensuite. La consigne : Dessin contour au feutre noir, peindre en détail la ou les coupoles bleues qui trancheront sur le noir et blanc. Danièle préfère dessiner le Minaret Islam Khodja au fond de la perspective. Tout le monde excelle.

 
Je croise alors Sarvinoz, que j'avais dessiné en 2015.Vendeuse dans le magasin familial, elle a muri, elle est magnifique et se souvient bien de moi.  Je lui montre mon livre dont j'ai un exemplaire sur moi; elle est émue et ravie d'y figurer. Je lui demande si je peux la redessiner elle est OK. Elle me dit avoir 16 ans je lui en aurai donné au moins 2 de plus. Quel beau moment.


Iroda nous conduit dans le quartier populaire : nous déjeunons chez l'habitant, c'est délicieux, nous sommes servis comme des princesses dans un cadre agréable. Il y a partout des tas de gris-gris contre le mauvais œil dans cette maison.  Très superstitieux les Ouzbeks.
Nos pas nous guident naturellement dans un quartier calme aux ruelles couleur sable. Un grand bâtiment à l'ombre permet de s'installer tranquillement juste à côté d'un peintre (huile) qui s'attaque au même sujet  que nous.
Consigne : coller un morceau de kraft sur la partie ombrée de la ruelle qui part en enfilade pour signifier l'ombre. Dessiner dessus au feutre fin et mettre des ombres. En fait, nous sommes près d'une famille d'artistes, le père professeur à l'école d'Art, et ses enfants dessinent comme ils respirent; trop contents de nous montrer leur savoir, ils s'installent à la place des élèves pour tracer perspectives, charrette, façades, sur les carnets. Ca part d'un bon sentiment mais ça ne m'enchante pas vraiment! Heureusement, ils posent vite le crayon.
Vers 16h 30, Iroda nous conduit au Musée des Arts Décoratifs, suivie d'une bonne bière dans une Tchaïkhana avenante.

Dernier spot de la journée : Kalta Minor (la tour inachevée). Le soleil décline lentement aussi c'est l'heure parfaite pour dessiner ce sujet. Un peu compliqué pour certains, je suis l'évolution du travail, disponible à tout instant. Tiens, un petit garçon dessine aussi, très appliqué à côté de moi, décidément, c'est une ville d'artistes.

A 19h, diner dans la Tchaïkhana près de Kalta Minor.
C'est l'anniversaire de Brigitte, on lui a acheté un petit cadeau en douce, Iroda aussi. Au moment du dessert, arrive un énorme gâteau et des bougies! on entonne "Joyeux anniversaire" devant Brigitte, confuse, mais ravie.
Un petit tour au Festival de musique et danses traditionnelles et on va se coucher.

Lundi 17/09/2018 - En route pour BOUKHARA  Départ 8H 30. Ce sera une longue journée de bus aussi, pas d'atelier ce matin. En revanche, je propose de passer du temps près de chacune et Léon, pour regarder les carnets en détail, commenter, conseiller, proposer des solutions, on aura tout notre temps.

Iroda en profite pour nous parler de son pays, le coton, l'aspect social, modes de vie, coutumes.
Vers 11h on s'arrête au bord de la route : un marché de pastèques et melons attend nos crayons. Nous sommes dans la région autonome du Karakalpakistan (Chapeau noir) à l'ouest du pays. Je fais dessiner le groupe, pour saisir l'ambiance, par des petites scènes rapides, fruits, vendeuses au travail. Ca fonctionne bien avec le feutre fin. J'adore ces petits instants maraudés à l'improviste, pépites inattendues des voyages. Vers 13h, c'est la pause repas, au milieu de nulle part, dans un restaurant de chachliks (brochettes). La serveuse, brune ronde et piquante porte un maquillage mauve remarquable, qui dénote un peu sur le lieu très rural. Iroda lui demande si elle veut bien poser pour le portrait pour notre groupe; ravie elle accepte.

Dilafrouz surveille l'avancement des dessins, juste à côté de moi.
Catherine a transcrit la douceur rose.
Nous reprenons la route. C'est la période de récolte du coton, mais je suis étonnée de ne pas voir plus de monde travailler dans les champs. Je m'attendais à les voir remplis de femmes et d'hommes, réquisitionnés pour ce travail ingrat qui fait la fierté de leurs dirigeants. Amorcerait-on un changement profond sur ce sujet sensible? Je le souhaite personnellement.
La route défile dans le désert du Kyzyl-Koum et les fleurs de saxaouls d'un rose tendre font chanter les verts gris et les ocrés sablonneux du paysage. Ce sont ces fameuses plantes dont les racines vont chercher l'eau au plus profond des nappes phréatiques et préviennent ainsi les glissements de terrain. Les rares moutons adorent ça.
Nous arrivons vers 18 heures et prenons possession de nos chambres au Lyabi Khaouz Hôtel  à 2 pas de la place du même nom. La statue de Nasreddine Khodja juché sur son âne est toujours à la même place (comme dirait Montand). Repas à 19 heures et petit tour dans la vieille ville.


MARDI 18/09/2018 - BOUKHARA jour 1
Boukhara, J'adore cette ville, il y règne une douceur de vivre qui me touche chaque fois. Alors j'enfile ma robe en ikat de soie turquoise.

Iroda participe à l'atelier pop-up
Atelier Pop up
9h - RV sur la terrasse pour l'atelier "Pop-up" sur le thème de Chor Minor (4 tours) de Boukhara. Comme j'ai préparé le mien à l'avance dans mon carnet, je diffuse les infos et le matériel pour fabriquer ces tours qui se détacheront du carnet. Dessin d'après un calque, sur papier aquarelle épais, peinture, découpage, renforcement à l'arrière par des morceaux de papier dur, puis confection des petits accordéons qu'on colle au verso du dessin et contre la page du carnet pour annoncer fièrement "BOUKHARA" sur la double page avec un beau lettrage. Chor Minor affiche joliment les couleurs.
 

A 10h 30,  nous quittons l'hôtel pour le tout proche "Toki Sarafon" (coupole des changeurs de monnaie). Dessin au feutre fin et Pentel noir sans ombres diluées. C'est rapide, quelques silhouettes parsèment le passage. Visite des bazars alentour et repas. Achat de couteaux gravés sur demande, près de la Mosquée Ouloug Beg à nouveau visitable, l'année dernière elle était en travaux. C'est un peu shopping aujourd'hui, pas motivée par le dessin, l'équipe.

Mais si, on est là pour dessiner : nous nous dirigeons vers l'ensemble Poï Khalon, Mosquée, Madrassa et minaret (les 3 M). Installée à l'ombre des  arches, dessin au crayon, aquarelle soignée, on laisse l'arbre en blanc devant l'entrée principale pour faire entrer la lumière.  Il est déjà 18h 30 l'heure de se retrouver sur la terrasse du café d'en face pour l'atelier "coucher de soleil".



Poï Khalon au soleil couchant


Dessin rapide, skyline des coupoles qui nous font face pour ne garder que l'essentiel. Je passe l'eau en grande quantité sur le papier, mes couleurs sont préparées et prêtes à l'emploi. Très rapidement je pose jaune, orange, rose et violet. Tout le monde en fait autant mais tous les papiers ne sont pas de bonne qualité pour ce genre d'exercice. Ca passe ou ça casse.

A 20h, nous allons manger dans un caravansérail : un  spectacle de danses traditionnelles couplé à un défilé de mode des créateurs  actuels se mêlent joyeusement. Les dessins sont facultatifs mais le résultat, surprenant et magique.


Mercredi 19/09/18 - BOUKHARA Jour 2
9 h : Atelier attitudes. Je pose de différentes façons, pour illustrer des scènes de la vraie vie, afin de s'habituer à dessiner les gens dans la rue.
10 h : Nous partons en bus à Chor Minor, dessiné la veille en pop-up. Iroda apporte toutes les explications sur ce beau monument totalement restauré depuis l'année dernière et là! oh surprise! les façades nous avons peint en orangé est en réalité ... gris blanc!

Nous partons ensuite à la Mosquée Bolo Haouz, où je sais que nous retrouverons Nourredine, dessiné en 2015 et 2017. C'est un superbe édifice aux poteaux de bois ouvragés, "qui ne vous laissera pas indifférent", comme dirait Iroda.
Consigne : coller un peu de kraft en hauteur pour évoquer la forme, puis dessiner une colonne au feutre fin en travaillant très précisément le sommet très ouvragé et coloré. 1 ou 2 colonnes selon le temps.

 Pendant ce temps, je retrouve Nourredine, ravi de me revoir; je fais son portrait que je lui offre. Il me donne  sa carte et m'invite chez lui, mais hélas notre emploi du temps est chargé et je crains de ne pas assurer. Un touriste Suisse nous prend en photo pendant qu'il pose. Quel beau moment de partage avec lui, une fois encore. Je suis ravie de lui avoir donné son portrait, il gardera un souvenir tangible de notre rencontre et ... peut-être à l'année prochaine, Inch'Allah!


Notre prochain spot est au Mausolée Ismaël Samani, fondateur de la Dynastie des Samanides.
Cette fois, c'est l'utilisation des pinceaux à réserve d'encre. Ce qui "réserve" quelques surprises, pinceaux qui fuient, bouchés, oubliés... Ce n'est pas sans mal que tout le monde en vient à bout, pour moi, les reflets du monument carré sur l'onde du bassin sont irrésistibles.

Repas, puis on se sépare pour notre après midi libre.
J'en profite pour prendre un taxi pour la citadelle, mon rêve depuis que je viens à Boukhara, dessiner cet espèce de château de sable qui me fait fantasmer. C'est bon de réaliser ses rêves et j'y passe presque 2 heures sur un banc partiellement à l'ombre, pendant qu'une jeune Kazakhe filme mon travail alors que j'ai refusé. Grr!!!

 

Iroda a donné RV au groupe à 18h dans le cour de l'hôtel. J'arrive la dernière, tout le monde est là, assis sur le tapchan,  un violoniste ami d'Iroda, joue des airs endiablés. Apéritif général, vin blanc, vodka, fruits secs et danse; tout le monde participe joyeusement et s'enflamme! je dessine le violoniste aussi.
 Repas et valises à préparer, demain nous partons pour la campagne.

Lyonnaises en liesse
 Jeudi 20 Septembre 2018 - En route pour SINTAB à la campagne. Départ 8 h en bus.
Suite aux travaux sur l'autoroute, nous sommes détournés par des routes de montagne beaucoup plus compliquées et mauvaises. C'est la montagne de Nourata : OQTACH. Arrivée : 15h.
Le bus nous laisse à l'entrée du village et nous sommes prises en charge par notre hôte qui nous conduit chez lui  dans son Combi WW, chemin vraiment raide et étroit!
Nous arrivons à la Guesthouse de la famille Chaudiboy.  Ils ont agrandi une partie de leur maison de pierres pour accueillir les touristes (jusqu'à 20). Moukadas, jeune femme très souriante et parlant un peu le français,  semble très épanouie avec son mari qui transporte nos bagages dans les chambres. Plusieurs générations vivent sous le même toit, le grand père (63 ans) et sa femme ont 2 fils,  celui qui tient la Guesthouse avec épouse et 2 enfants, l'autre fils travaille loin mais son épouse vit sur place avec ses 3 enfants.


 
 

Une grande table nous attend, dressée pour le repas, nous avons droit à notre premier PLOV (plat national de viande de boeuf mijotée avec ail, oignons, pois chiches, carottes et riz pilaf). Vraiment délicieux. Manger chez l'habitant c'est quand même chouette!


Montagne Oqtach et portraits par Catherine
Les murs en pierre sont savamment agencés pour la solidité et l'esthétique, très graphique, un petit dessin sera le bienvenu. J'ai droit à une chambre individuelle. Luxe!

Nous partons nous promener dans le village, pour trouver un coin à croquer à l'ombre. Tout le monde y trouve son compte, les dessins sont magnifiques. Le village au pied de la montagne semble vivre dans un autre siècle. Les enfants vont à l'école à dos d'âne, aucune voiture, sinon des charrettes, le transport se fait à dos de mulets ou à pied. Certaines maisons en pierre sont complètement démolies, c'est rude mais sublime sous ce ciel invariablement bleu. Ca se mérite Sintab mais quel bonheur d'être ici et si bien accueillis. Bien plus authentique qu'une soirée sous les  yourtes avec 50 touristes comme l'année dernière.
 
Vers 18h 30, nous rentrons à la maison et dessinons la famille rassemblée sur le tchapan. Ca bouge pas mal, mais le résultat les amuse beaucoup! c'est une grande première de se faire dessiner par des touristes.
Au repas du soir, la vodka coule à flots, si on n'y prend pas garde! Islam et Vodka, mariage possible en Asie centrale, traditions russes obligent!  Ce soir c'est le pot-au-feu Ouzbèk, inutile de dire que manger de la viande à midi et le soir ne leur pose aucun problème, nous si.... un peu!
Après une bonne nuit de sommeil, le petit déjeuner nous attend avec miel, riz au lait, confitures, omelette, café et  thé. Le petit garçon de la maison a revêtu son uniforme pour aller à l'école, chemise blanche, costume 3 pièces marine avec gilet boutonné et petit sac à dos, il est fier de nous montrer ses beaux atours.

Et nous repartons à pied au bout du village, petite marche qui nous met en forme pour la journée, avant de reprendre le bus pour rejoindre Samarcande.

Place du Reghistan
Vendredi 21/09/18 -  SAMARCANDE, jour 1. On roule tout le matin, arrivée dans la ville à 14h, distribution des chambres, repas pris. Nous partons pour la fameuse place du Reghistan, qui signifie place de sable, car ici avaient lieu les exécutions capitales et on jetait du sable pour éponger le sang des victimes.
C'est vrai qu'elles sont imposantes ces 3 madrassas, chaque façade est différente. Justement à droite, Chir Dor (porte des lions) affiche des représentations stylisées de lions, gazelles, tigres, préceptes contraires à l'Islam, au fond Tilla Kari (couverte d'or) présente en façade des symboles solaires et l'alignement de  cellules des étudiants aux riches mosaïques, enfin à gauche, Madrassa Ouloug Beg (petit fils préféré de Tamerlan) repérable à son minaret légèrement incliné.
Consigne : choisir l'une des 3 Madrassas, passer un jus coloré,  mettre l'accent et le détail sur l'une d'elles et ébaucher sommairement sa voisine. Aquarelle et collages de papiers de soie (si on a ça dans son petit matériel).
 

 
photo du groupe devant le Reghistan

Pendant qu'Iroda fait visiter les 3 édifices, je dessine Chir Dor après un lâcher de couleurs et quelques collages.
A 19h, le restaurant est très bruyant, aussi, je décide du debrief dans le hall de notre hôtel, chacun choisit son dessin préféré (sur lequel j'ai des projets) et le moins bien, pour lequel on essaie de trouver des solutions  ensemble pour arranger la chose. Ca fonctionne bien.


 Samedi 22 /09/18 - SAMARCANDE Jour 2
8h 30. Pour l'atelier de ce matin, fignolage et pochoirs,  je prête divers pochoirs, que chacun appose à l'aquarelle sur le feuillet accordéon 3 plis, confectionné avant le départ. On s'en servira pour le marché Sy-Yab du lendemain.
Iroda vient nous chercher pour visiter le sublime Mausolée Chakhi Zinda. Déception, l'une des coupoles majeures est en travaux enserrée dans un échafaudage disgracieux.
Consigne : coller un morceau de papier à motifs mosaïque que je fournis et l'intégrer au dessin. Les spots ne manquent pas,  mais l'ombre, si.
Au terme d'une heure 1/2, Iroda nous conduit à la visite guidée de l'ensemble, tout le monde est fasciné par les couleurs, détails de majoliques, mosaïques nervurées, et nous avons droit aussi à un essai d'acoustique par notre chère guide dans une salle particulièrement propice. Notre Dame de Paris VS Samarcande!



14h 30. Après le repas, Iroda nous conduit au Musée Afrosyab où de superbes fresques sont conservées. Dessin rapide sur place, et mise en couleur en moins d'une demi heure!

Ensuite c'est le superbe Mausolée de Tamerlan  Gour Emir. Iroda donne toutes les infos et nous nous installons pour dessiner.
Je propose un lâcher de couleurs, comme j'ai fait la veille,  avec 2 teintes au choix et projection de tâches, on laisse sécher et on peint ensuite. Si possible peindre sans dessiner au préalable.
Ne pas tout dire, juste le minaret et le porche d''entrée. Et c'est la révélation. On dirait que tout le monde n'attendait que ça pour se lâcher, c'est magnifique. Quelques unes ont des teintes incroyables d'autres les détails, tout est beau.... les visiteurs s'émerveillent aussi. Je suis très fière de vous toutes et Léon.



 
Nous quittons Gour Emir de nuit
Ce soir, c'est Ikhtiyor qui nous accompagne au restaurant, il habite aussi à Samarcande et Iroda rentre chez elle retrouver ses filles. Dans le restaurant, il y a un mariage c'est très bruyant, mais on nous installe dans un salon privé. Ouf. Nous profitons de l'impeccable français de notre hôte.
De retour à l'hôtel, j'installe tout le monde dans notre "atelier" et c'est ... l'heure du Quiz. 30 questions sur le pays et 2 équipes. L'une devance largement l'autre, certaines se sont bien documentées en amont ou tendu l'oreille au bon moment. Mais au final, tout le monde a gagné un cadeau. Pas de jaloux.

Dimanche 23/09/18 - Samarcande Jour 2  et dernier jour
8h 30. A l'atelier ce matin, je demande de partir du dessin préféré, de le reproduire en le synthétisant sur une petite carte postale en papier aquarelle, que je fournis. Catherine propose de l'offrir à Iroda et tout le monde suit cette bonne idée, au verso, chacun écrit un petit mot gentil.
Quand elle arrive, nous lui offrons les cartes, la jolie veste marine en laine brodée que nous lui avions achetée à Boukhara en cachette et Léon prononce un petit poème spécialement concocté à son attention (et pour moi aussi). Elle est ravie et très émue. Idem.

10h Arrivés au marché Sy-Yab, je donne les consignes. Travail sur le triptyque agrémenté d'une frise au pochoir réalisée à l'atelier de samedi, nous allons dessiner fruits, légumes, vendeuses, ambiance colorée du marché, agrémenté d'un titre à la calligraphie soignée. . On trouve de tout ici, boules de laits, épices, fruits secs et fourrés, légumes, pains posés sur les poussettes d'enfants. Tout le monde se disperse, une partie sous la coupole, l'autre à l'extérieur.
C'est un beau travail réalisé par toutes et tous. Je craque pour les grenades.

 

 
A 12h,  placé(e)s juste en face de la Mosquée Bibi Khanoum (épouse préférée de Tamerlan) dont les minarets présentent la particularité de faces octogonales,  nous admirons l'édifice. Le sujet sera traité très rapidement par un contour simple au feutre fin et quelques détails rajoutés, sans couleur.
Nous partons ensuite visiter la fameuse Mosquée après avoir fait provision de fruits secs au marché pour le retour en France.
La veille, Ikhtiyor a demandé à Iroda de faire une photo de l'un des meilleurs dessins de chacun et de l'envoyer à l'agence. Un  Jury bienveillant se réunira et désignera son préféré.
A 13h quand nous retrouvons Ikhtiyor pour le déjeuner, il annonce le résultat : c'est l'aquarelle "Gour Emir" de Brigitte et son lâcher de couleurs qui remporte le prix. Il lui remet une magnifique assiette en mosaïque à motifs Ouzbèke et pour tous, un petit magnet souvenir et la brochure de Samarkand Renaissance. Cool!
Le repas a trainé en longueur aussi, nous occupons diversement la petite heure qu'il nous reste, place du Réghistan, avant d'aller prendre le TGV retour pour Tachkent.
16h 30, nous partons à la gare. Beaucoup de monde, notre groupe est éparpillé dans 3 wagons différents. Je distribue les questions du Debrief que je récupère à l'arrivée à Tachkent. Les résultats sont  très positifs.
A l'hôtel Rakat Plazza, nous dinons pendant que je fais quelques photos des dessins dans les carnets.
Nous nous séparons alors, car l'avion retour de mes 10 collègues part à 4h 45 et le lever se fera à 1h 30 (sauf pour moi qui reste sur place)
Le groupe devant Gour Emir

Voila, c'est la fin d'un super voyage et stage, partagé sans modération avec l'ensemble des participants, le carnet accordéon rempli jour après jour est magnifique et je n'ai pas eu besoin de le rappeler, tout s'est fait avec fluidité et plaisir. La présence attentive et gaie de notre chère Iroda laissera, j'en suis sûre, un souvenir fort dans la mémoire collective, pendant ces 10 jours délicieux.

Iroda à Chakhi Zinda

Merci à toutes et Léon de m'avoir accompagnée dans cette aventure et un énorme merci à notre chère Iroda que nous reverrons sans doute en France, l'année prochaine. Inch'Allah! Et je retournerai sans aucun doute en Ouzbékistan.

Au terme de ce stage, j'ai passé 10 jours au Kirghizstan pour connaître et repérer les lieux, en compagnie de Cathy et Alexandre, notre guide. Il m'a permis de découvrir les sublimes paysages de montagnes, lacs d'altitude, yourtes, pâturages... et d'envisager sereinement un stage Carnet de voyage au Kirghizstan fin août 2019. On en reparle prochainement.